Quand on se fait harceler à l’école, au collège ou au lycée, les cicatrices du mal que l’on a subi restent pour la vie. On parle beaucoup de harcèlement scolaire ces temps-ci, mais cela existe depuis toujours. Je vous propose ci-dessous de lire le témoignage d’un ami qui nous raconte son histoire, ce qu’il a vécu, des années à subir, sans que personne n’en prenne compte.
Il était temps que l’on s’intéresse au harcèlement scolaire
En somme, il a fallu attendre que les chaînes d’infos et les réseaux sociaux diffusent des sujets en lien avec des enfants et adolescents harcelés à l’école pour que l’on prenne à bras-le-corps ce problème ? C’est un peu le cas, car hier, que se passait-il pour tous ces élèves souffre-douleur, victime de méchanceté, de rabaissement, moquerie sur le physique ? Il ne se passait pas grand-chose, le témoignage ci-dessous en atteste. C’est un vrai témoignage, il n’a pas été inventé pour cet article. Je vous laisse découvrir à quel point cette personne a souffert pendant sa scolarité.
On s’est moqué de moi tous les jours pendant des années !
Bonjour, j’ai 50 ans et je me souviens parfaitement de tout ce que je subissais au collège de la part de plusieurs élèves. C’était répétitif, tous les matins, j’avais la boule au ventre, car je savais qu’on allait se moquer de moi, qu’on allait me donner des surnoms qui me feraient mal. On me traitait de dents de lapin, et j’entendais sans cesse : « ferme ta bouche, tes dents rayent le parquet« . Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Je revois la tête de mes harceleurs, leur rire méchant. C’est un stress permanent, un mal-être qui s’amplifiait aussi du fait que je me sentais abandonné par les enseignants. Lorsque l’on se moquait de moi en classe, devant tout le monde, le professeur ne réagissait pas, il disait juste de faire silence ! Mais il n’y avait pas de sanctions, pas de discours sur le harcèlement scolaire. C’était donc l’autoroute pour mes agresseurs !
Souffre-douleur au collège, une scolarité fichue
C’est en cinquième, au collège, que j’ai vécu l’enfer. Je suis tombé sur un harceleur qui me tapait tous les jours.
« Il avait un rituel avec moi, il me mettait un coup-de-poing dans l’épaule chaque matin, c’était sa façon de me dire bonjour ».
Il était fort, grand, et le comble dans tout cela, c’est qu’il se moquait de moi à propos de mon physique, de mes dents, alors que les siennes n’étaient pas très belles non plus ! J’ai pleuré au moins une fois tous les jours au collège. Le harcèlement scolaire était pour moi quelque chose d’inconnu. Je subissais, je gardais cela pour moi, car j’avais peur que mes agresseurs s’en prennent encore plus à moi. C’étaient des monstres, et ils ne se rendaient pas compte à quel point leurs actes affectaient mon moral. De nature déjà timide, mon harcèlement scolaire m’a renfermé encore plus et m’a privé de tout ce que j’aurais aimé faire, participer comme tout le monde. Je savais que si l’attention se portait sur moi, j’allais entendre des moqueries blessantes. De ce fait, ma participation était réduite au néant. Mes résultats scolaires étaient mauvais et c’est tout naturellement que j’ai voulu fuir le lieu dans lequel j’étais harcelé, l’antre de ma douleur, l’école !
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Quand on a été harcelé, on en garde des cicatrices pour la vie
Je suis allé en apprentissage, cela me permettait de réduire le contact avec des élèves, avec des harceleurs potentiels. En effet, en apprentissage, c’est une semaine d’école et trois semaines au travail par mois. Mais là aussi, j’ai eu mal. Et je me suis isolé, le casque du walkman sur les oreilles, la musique à fond, pour échapper à cet enfer.
Dans les CFA, il n’y avait pas beaucoup d’anges, on avait surtout des élèves perturbateurs, des cas sociaux comme on dit. Mais, j’étais un peu moins moqué, parce que j’étais moins souvent en contact avec des élèves, c’est mathématique. Malgré tout, j’étais une victime, les moqueries étaient toujours présentes dans mon quotidien. Et c’est ainsi que ma personnalité s’est construite, je me suis détesté, je me trouvais moche, c’est encore le cas d’ailleurs. Ce que j’ai vécu, je ne le souhaite à personne, car je pense sincèrement que ça change la trajectoire d’une vie lorsque l’on est victime de harcèlement scolaire. On n’a pas la confiance en soi que l’on devrait avoir, on est différent, on sait que l’on est faible aussi, car le contraire, n’aurait pas permis à nos agresseurs, nos harceleurs, de nous choisir !
Les conséquences du harcèlement scolaire
Quand pendant des années vous faites l’objet de moquerie sur votre physique, vous n’avez qu’une envie, c’est que tout cela cesse. Le suicide, j’y ai pensé parfois, mais je n’étais pas assez courageux pour passer à l’acte. Je me suis scarifié une fois, mais j’ai eu la chance de ne pas recommencer. Je me suis réfugié dans la musique, je mettais mon casque, et je m’évadais. C’est comme si j’étais ailleurs, je n’entendais plus le monde extérieur. J’ai toujours évité le monde. Je me souviens encore de tout ce que j’avais mis en place pour éviter que l’attention se porte sur moi. Le matin, j’allais à l’arrêt de bus avant tout le monde. Je ne voulais pas arriver après les autres, de peur qu’ils me regardent et se moquent de moi. Mais certains ne se gênaient pas, dès 7h30 le matin, ils me faisaient comprendre que ma journée allait être dure, comme toutes les autres en me disant bonjour avec un : salut Bugs Bunny.
« Le harcèlement scolaire a donc eu pour conséquence de réduire ma confiance en moi à néant ! »
Toute ma vie, j’ai vécu avec les souvenirs d’une scolarité synonyme de cohabitation avec des démons. Même après, dans mes expériences professionnelles, j’ai entendu chuchoter des moqueries sur mon physique et cela m’a freiné dans mes ambitions. Je pense que le problème n’est pas le harceleur, le problème, c’est la société dans laquelle on vit, celle du paraître, celle dans laquelle le physique compte avant tout.
Le harcèlement scolaire est une priorité du gouvernement, enfin !
On ne peut que féliciter l’envie du gouvernement de vouloir punir le harcèlement scolaire. On peut tout de même se demander pourquoi cela n’a jamais été la priorité des autres ? C’est vrai qu’internet et les médias d’aujourd’hui dévoilent plus d’exemples de collégiens ou lycéens harcelés, mais quand même ! À mon époque, on disait : « ce sont des trucs de gamins, il n’y a rien de méchant« .
Je n’en veux pas à ceux qui n’ont rien dit, à ceux qui auraient pu agir et qui n’ont rien fait. Car une victime de harcèlement sait que ses agresseurs peuvent l’atteindre de toutes les manières possibles. On est vulnérable, ils le savent, et un simple regard suffit pour te rappeler tout ce qu’ils pensent de toi. Les harceleurs doivent être punis, mais un élève obèse, avec un grand nez, des grandes oreilles ou encore des grandes dents, sera toujours une victime. Et même s’il n’entend pas les moqueries en classe, il croisera dans un couloir un harceleur, de façon furtive, mais tout aussi suffisant pour le dévaster au niveau psychologique.
Punir le harcèlement est évidemment nécessaire, mais c’est éduquer les enfants, leur apprendre le savoir-vivre et le respect d’autrui qui doit être une priorité. Expliquer ne suffit pas, la prise de conscience ne peut pas avoir lieu, car le harceleur sait pertinemment qu’il cause du tort à sa victime, il n’a aucune excuse !
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